Une blonde à réactions by Carter Brown

Une blonde à réactions by Carter Brown

Auteur:Carter Brown [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Humour, Littérature australienne
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2016-01-03T00:00:00+00:00


CHAPITRE X

A neuf heures du matin exactement, je suis à mon bureau, et ça fait deux jours que je me suis acheté une conduite. Voilà qui ne peut plus durer.

Je sonne. Entre Miss Patterson. Aujourd’hui, elle porte une robe en lainage gris, très chic, très étroitement ajustée. Il faut absolument que je trouve le temps de m’occuper de Miss Patterson, et sans tarder.

— Bonjour, Leila, lui dis-je avec un sourire éclatant, ce qui, à neuf heures du matin, me coûte un sacré effort.

— Bonjour, monsieur Dixon, dit-elle en me rendant mon sourire.

Elle a de nouveau dans les yeux cette chaude lueur.

— Avez-vous la moindre idée de ce que nous pourrions bien faire aujourd’hui ? lui demandé-je.

Elle hausse les sourcils.

— Au point de vue travail, bien entendu. J’en ai donné suffisamment à Roberts hier pour le tenir occupé tout le reste de la semaine.

— Pourquoi ne faites-vous pas un tour dans l’usine ? me suggère-t-elle. Vous apprendriez à la connaître.

— Voilà une idée remarquable. Vous allez m’accompagner pour me montrer le chemin.

— Ce n’est pas possible, monsieur Dixon. Qui répondrait au téléphone ? Et si quelqu’un demandait à vous voir ?

J’y réfléchis un instant. Cooper-Klein, c’est une assez grosse boîte. Un peu comme Rayburns à Tokio. Une fois qu’on est en place, il n’est pas trop difficile d’obtenir tout ce qu’on veut. Tout l’art consiste à pratiquer le bluff en partie double.

— Y a-t-il un « pool » central de dactylographie ?

— Mais certainement, me répondit Miss Patterson après une courte hésitation. Mais M. Cooper à donné des ordres stricts pour que…

— Qui en a la direction ?

— Miss Berne.

— De quoi a-t-elle l’air ?

— Il y a vingt-cinq ans qu’elle est dans la maison, dit Leila en fronçant délicatement le nez.

— Je vois. Quel est le numéro de son poste ?

— 503.

Je compose le 503 sur le cadran du téléphone intérieur.

— Pool dactylographique, me dit une voix de femme totalement dénuée de vitalité.

— Miss Berne ?

— Elle-même.

— Ici, Dixon.

— Qui ?

— Dixon, chef du personnel de sécurité depuis hier matin.

— Oh !

— Je vous serais obligé d’envoyer une dactylo dans mon bureau immédiatement, dis-je. J’aurai besoin de ses services pour toute la journée.

— Je crains bien que ce soit impossible, monsieur Dixon, me dit-elle d’une voix atone. Le règlement intérieur dit que…

— Comment ? grondé-je.

— Je vous disais…

— J’ai bien entendu ce que vous me disiez. Il me faut une dactylo, et immédiatement ! Si elle n’est pas ici dans cinq minutes, j’en référerai personnellement à M. John Cooper ! Bien entendu, si vous préférez lui soumettre la chose vous-même, Miss Berne, dis-je de ma voix la plus douce, cela m’en épargnera la peine ! (Là-dessus je repose brutalement le combiné sur son socle.)

Miss Patterson me regarde d’un air ambigu :

— Elle va en parler, vous savez.

— Elle n’en fera rien, lui dis-je d’un ton assuré. C’est ce qu’on appelle le bluff en partie double. On menace d’en référer soi-même au grand directeur, puis on se défile, on donne à l’autre la chance de le faire avant vous.



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